mardi 12 septembre 2017

Après le drame à Noyon, «je n’ai eu qu’une question: pourquoi?»

Un ami du policier qui a abattu ses proches et s’est suicidé avant-hier confie son émotion. Une cellule d’écoute a été mise en place dans les deux écoles du quartier Saint-Barthélemy
C'est incroyable que ce soit lui… » Le ton des parents d’élèves du quartier noyonnais Saint-Bathélémy (ex-Réservoirs) était encore marqué par la stupeur, hier matin. Au lendemain du drame familial qui a fait quatre morts (lire ci-dessous), le souvenir du tireur anime les rares conversations : ce père de famille, originaire des Antilles, était surtout connu pour son air jovial, à la sortie des classes. Les deux enfants abattus, Melvine, 3 ans, et Guilian, 5 ans, étaient respectivement écoliers en petite et grande section de la maternelle Marcel-Provost. Deux autres enfants de la fratrie sont inscrits en classe à l’école élémentaire éponyme, de l’autre côté de la rue. Hier, ces derniers étaient «  pris en charge  » annoncent les services de l’Éducation nationale qui n’ont pas souhaité laisser ce quartier seul, sous l’émotion.

« La cellule s’adresse aux enfants, mais aussi au personnel : le but est de gérer les réactions »

Une cellule d’écoute a été mise en place dans les deux écoles, composée de quatre personnes, toute la journée d’hier : «  Des moyens spécifiques de la circonscription académique de Noyon ont aussi été mis en place, avec des enseignants, en cas de besoin, précise Bruno Brandolan, l’inspecteur d’académie en charge du secteur. La cellule d’écoute s’adresse non seulement aux enfants, mais aussi au personnel au sens large. Le but est notamment la prise en charge des réactions.  » Une initiative approuvée par une mère de famille : « Savoir que c’est le copain ou la copine qui n’est plus là, ça peut choquer nos petits. » La plupart ont découvert le matin-même l’identité des victimes, en découvrant l’affichette apposée devant la grille.
Le père d’une élève de la classe de Guilian, habitant du quartier Saint-Blaise, a du mal à cacher sa peine : il fréquentait l’auteur des faits à la nouvelle salle de sport privée de la rue Michelet. «  Plusieurs fois par semaine, on faisait ensemble de la musculation. Plus expérimenté que moi, il me montrait des exercices. Je suis abasourdi : il était calme, courtois. En le voyant, vous auriez voulu être son ami. Ce n’était pas un coléreux. Il était respectueux, toujours à la disposition de tout le monde… » Vendredi dernier, ce trentenaire avait d’ailleurs brièvement croisé celui qui allait commettre le triple homicide : «  Je l’ai salué, comme d’habitude. J’avais mal quand j’ai appris la nouvelle. Je n’ai eu qu’une question : pourquoi ? En tant qu’ami, j’aurais aimé être là. Sans doute a-t-il manqué une personne à ses côtés, à cet instant précis, pour l’empêcher d’agir. Je suis très triste pour lui aussi, même si je condamne fermement ce qu’il a fait. Rien ne justifie la mort. »
Ce proche du tireur, dont un neveu est dans la classe de Melvine, comptait, hier, aborder ce délicat sujet avec sa fillette de quatre ans. «  Je vais lui dire : ‘‘Tu sais, il y a eu un souci. Un de tes copains a perdu la vie, car il y a des problèmes familiaux.’’ Bien sûr, je vais employer des termes pour les enfants, utiliser des petits dessins.  »
Dans les rues calmes longeant les HLM des Réservoirs, les expressions d’émoi sont restées contenues. À l’image du commentaire laconique d’un agent municipal accompagnant la sortie des écoles : «  C’est un drame, il n’y a pas d’autre mot.  
Après le drame à Noyon, «je n’ai eu qu’une question: pourquoi?»http://www.courrier-picard.fr/55977/article/2017-09-11/apres-le-drame-noyon-je-nai-eu-quune-question-pourquoi

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