dimanche 20 août 2017

Contrats aidés, entre inquiétudes et désarroi

Les contrats aidés ont une double utilité : fournir un emploi permettant l’insertion ou réinsertion professionnelle de personnes en difficulté et pousser à l’embauche du côté employeur. Ces contrats semblent promis à un très court avenir, provoquant une levée de boucliers.
Jugés inefficaces et trop coûteux pour la nation par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, et ne débouchant pas sur des emplois stables selon le Premier ministre, Édouard Philippe, les contrats aidés semblent voués à disparaître. Au niveau local, les élus ne voient pas les choses du même œil.

Incompréhension de la part des élus

Au sein de l’agglomération Chauny-Tergnier-La Fère, le président Bernard Bronchain souhaite les conserver. « Nous avons 11 personnes en contrat aidé actuellement. Normalement, les contrats en cours iront à terme. Mais deux d’entre eux se terminent en septembre et seront directement impactés par cette décision », précise celui qui espère pouvoir transformer ces contrats uniques d’insertion (CUI) en CDD, les CDI n’étant pas possibles pour le moment. « L’État baisse ses dotations estimant qu’il y a trop de personnel dans les communes. Quelles sont les solutions des maires ? Diminuer les services ? Augmenter les impôts ? » questionne-t-il.
À Saint-Quentin, Frédérique Macarez, maire, se dit « choquée ». « Je ne comprends ni la décision, ni la méthode d’application. » La mairie emploie 13 personnes à l’aide de ces contrats financés en partie par l’État.« Les dotations globales de fonctionnement diminuent et les communes se serrent la ceinture. On attend de voir comment les choses évoluent, mais il est hors de question de compenser cette perte par une augmentation d’impôt. Mais nous n’avons pas les moyens de proposer CDD ou CDI. » Ces personnes seront donc sans emploi. « Je ne comprends pas où sont les économies. Cela augmentera le nombre de bénéficiaires du RSA ou des allocations-chômage », explique l’édile.

Les chantiers d’insertion pas concernés pour l’instant

En Thiérache, la commune du Nouvion, bien que de moindre taille, connaît les mêmes problèmes que la cité des Pastels. « Grâce au contrat d’avenir, nous avons pu former 6 à 7 jeunes que nous avons ensuite titularisés pour anticiper des départs en retraite », explique Samuel Lefèvre, directeur général des services. Cette année, 5 contrats CUI-CAE ont été reconduits. « Cela nous permet aussi d’embaucher des personnes sur une durée limitée et d’observer leur engagement professionnel ainsi que dans les formations suivies. » Pour lui, l’utilité et l’efficacité de ces conventions en fin de vie ne sont plus à prouver. « Si on les supprime sans solution de remplacement, cela va nous poser problème, c’est sûr. Mais en tant que collectivité, nous trouverons une solution. C’est surtout pour les bénéficiaires desdits contrats que cela m’embête. Ils se retrouveront à la case départ. Sans emploi… » La ville embauche au total 35 personnes en contrat aidé, 15 en CUI et 20 en chantier d’insertion « qui ne sont pour l’instant pas concernés ».
Mais à l’UCPE (Un château pour l’emploi), le président Jean-Serge Simon ne nie pas quelques inquiétudes. « On est dans l’attente. Nous n’avons pas plus d’information sur ce qui se prépare, qui sera réellement concerné. Pour l’instant, nous ne sommes pas concernés », explique-t-il, prévoyant déjà des retards au démarrage sur certains chantiers. Il précise que l’association emploie 160 personnes en chantier d’insertion dans l’Aisne et l’Oise. « Ce sont des problèmes qui vont plus loin [que le domaine économique] avec un aspect social. Il s’agit de personnes qui reprennent un rythme [de vie dite active]. Elles sont souvent sans permis, avec peu de possibilité de déplacement. La faute à de jeunes politiques qui veulent tout manger », conclut-il.

Les différents contrats aidés
Les CUI (contrat unique d’insertion) concernent les personnes sans emploi, sans limite d’âge.
Le CUI-CAE (contrat d’accompagnement à l’emploi) vise le secteur non marchand (collectivités territoriales, associations, organismes publics, etc.). L’aide mensuelle versée est fixée au niveau régional par des arrêtés des préfets de région dans la limite de 80 % du SMIC horaire brut (pour les Hauts-de-France) pour un contrat à temps plein ou partiel (durée minimum de 20 heures/semaine sauf difficultés particulières d’insertion de la personne embauchée).
Le CUI-CIE (contrat initiative emploi) s’applique au secteur marchand. L’aide mensuelle versée est fixée dans les mêmes conditions que le CAE, dans la limite de 36 % du SMIC horaire brut et dans une limite hebdomadaire horaire, selon la situation du bénéficiaire et de l’employeur.
À temps plein ou partiel (supérieur à 20 heures/semaine sauf difficultés particulières).
Le contrat starter est une déclinaison du CUI-CIE, réservée au moins de 30 ans. L’aide mensuelle versée est fixée au niveau national et traduite au niveau régional par un arrêté préfets de région dans la limite de 45 % du SMIC horaire brut et dans une limite hebdomadaire horaire dans les Hauts-de-France.
Le contrat d’avenir concerne les jeunes de 16 à 25 ans (30 ans si handicap) non diplômés ou titulaire d’un BEP-CAP, sans emploi, avec une priorité sur les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), les zones de revitalisation rurale (ZRR). D’une durée allant de 12 à 36 mois. Dans le secteur non marchand, le contrat peut être en CDD ou CDI. L’aide de l’État peut atteindre 75 % du SMIC dans le secteur non marchand et 35 % dans le secteur marchand, au niveau national.

Contrats aidés, entre inquiétudes et désarroihttp://www.aisnenouvelle.fr/37054/article/2017-08-18/contrats-aides-entre-inquietudes-et-desarroi

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire