lundi 4 décembre 2017

« À 18 ans, mes parents m’ont dit : tu dégages »

hebergement d'image

De plus en plus de jeunes sont jetés à la rue à cause de ruptures familiales. Et trouvent refuge au centre d’hébergement d’urgence Hilaire-Cordier à Saint-Quentin.

ls ont entre 18 et 23 ans, chacun avec une histoire qui lui est propre. Mais tous ont un point commun : à 18 ans, ils ont été mis à la porte du domicile familial par leur père, leur mère, ou les deux. Et ils sont de plus en plus nombreux à solliciter une aide d’hébergement d’urgence.


Aurélien a 22 ans, et il «  n’est pas un saint  », comme il le reconnaît. Mais il vit sa quatrième année sans domicile fixe. C’est à l’issu d’une énième dispute avec son père qu’il a été mis dehors. Une décision qu’il aurait de toute façon anticipée. «  Il m’éduquait à sa façon. Dès que je faisais une connerie, j’en prenais une. C’est pas en prenant des coups dans la gueule qu’on prend conscience. C’est comme un chien battu, à force de recevoir des coups, il se rebiffe. Moi, j’en ai eu marre.  »





« J’ai vécu deux mois dehors. Pour me laver, je devais aller au canal. Pour me nourrir, je volais. J’en suis pas fier. »



Le jeune homme va à la gare, regarde passer les trains, monte dans une rame, et se rend à Amiens, «  pensant qu’il y avait des solutions d’hébergement dans une grande ville  ». Il va déchanter. «  J’ai vécu deux mois dehors. Pour me laver, je devais aller au canal. Pour me nourrir, je volais. J’en suis pas fier, poursuit-il. «  Personne ne pouvait me loger car dans ma famille c’est chacun sa merde, alors que moi, j’avais l’esprit famille.  » À Amiens, il tournait de maison en maison. Mais se sentait de trop partout où il était. «  Je suis revenu sur Saint-Quentin, j’ai trouvé une copine, mais c’était plus pour me sauver la vie.  » Là aussi, ça ne durera pas. Hilaire-Cordier, il connaît bien pour y avoir déjà séjourné. Mais une fois encore, il ne compte pas s’y éterniser. «  Quand on atterrit ici, si on n’a pas la volonté de partir, on est bousillé  », lâche-t-il avec un soupir.


Alexandre a également été mis à la rue, mais pour une autre raison. «  Mes parents prenaient tout mon argent pour que je les aide. Mais à partir du moment où je ne travaillais plus, mon père m’a mis dehors  », raconte-t-il sans pudeur. La stabilité, il l’a un peu vécue avec sa copine, avant qu’ils ne rompent. La descente aux enfers s’est poursuivie. «  J’allais dormir dans les banques et je faisais les poubelles pour manger. » Après avoir bourlingué dans le Pas-de-Calais et le Nord, il débarque à Hirson où il sera pris en charge par le 115 qui l’a amené à Saint-Quentin il y a un mois. À 23 ans, il n’a plus aucune relation avec son père et n’envisage plus l’avenir. «  La vie, elle est faite pour m’emmerder  », lâche-t-il sobrement.


Les filles pas épargnées



Sophie allait fêter sa majorité, quand quatre jours auparavant «  ma mère me demande de prendre mes affaires et m’a mise à la porte parce que j’avais fait une bêtise sur Internet.  » La jeune fille appelle sa sœur au secours qui l’héberge à Bordeaux. Mais trois mois plus tard, elle est contrainte de revenir dans l’Aisne. «  Ma sœur est revenue sur Saint-Quentin début octobre, mais n’a pas voulu me reprendre. Je me suis retrouvée sans solution. » Sophie va vivre une semaine dans la rue, «  je me cachais dans un petit abri du côté de l’église Saint-Jean. Pour manger, je faisais la manche. Pour me laver, une amie me laisser me doucher, mais au bout d’une semaine, j’ai dit stop, ce n’est pas une vie à rester dehors. J’ai failli faire une dépression, mais je n’ai pas craqué.  »


C’est une éducatrice qui va l’orienter vers le 115 puis vers le centre Hilaire-Cordier. Un lieu qu’elle espère quitter en début d’année prochaine. «  Il y a des gens bizarres ici, mais on ne m’embête pas. Il y a même des pensionnaires plus âgés qui m’aident pour partir le plus vite possible. Même eux ne comprennent pas qu’une jeune fille de 18 ans soit à Hilaire-Cordier.  »


Ce qu’ils demandent désormais, c’est que la vie, qui ne les a pas épargnés en coups durs, leur donne maintenant un petit coup de pouce.


*Les prénoms ont été changés pour préserver l’anonymat.
« À 18 ans, mes parents m’ont dit : tu dégages »http://www.aisnenouvelle.fr/55893/article/2017-12-03/18-ans-mes-parents-mont-dit-tu-degages

1 commentaire:

  1. J'ai élevé mes 3 enfants seuls jais travailler dur jamais jaurais pu ou même pensée mettre mes enfants dehors moi je comprends pas ils nous apportent tant d'amour quand on leurs en donne battez vous les jeunes vous êtes pas condamné à rester dans la rue prenez le bon chemin bonne chance

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