jeudi 2 novembre 2017

Drame de Nouvion-et-Catillon : quatre meurtres, un suicide et des questions

hebergement d'image

C’est beaucoup de tristesse… Et d’incompréhension…  » Lointaine, à peine audible au bout du fil ce mercredi, la voix lasse est celle de Thierry Lemoine, maire de Nouvion-et-Catillon, mais à cet instant simple ami de vingt ans de Pierre de Bisschop. La veille, au matin, ne voyant pas leur patron sur son exploitation porcine, trois salariés parcourent les quelques centaines de mètres qui la séparent de la propriété familiale. S’y dévoile alors à leurs yeux une scène effroyable.
Le père de famille de 47 ans est bien chez lui, mais c’est à son corps sans vie, victime semble-t-il d’un coup de feu, que les ouvriers sont confrontés. Dans la vaste maison de brique rose, agrémentée de volets bleu pâle, Céline, 47 ans le jour même, a subi le même sort. Il en va ainsi pour les trois enfants du couple, deux garçons de 12 et 20 ans et une jeune femme de 18 ans.
Alertés vers 8 h 30, gendarmes de la communauté de brigades de Laon et sapeurs-pompiers se rendent au hameau de Pont-à-Bucy, au bout de la rue de l’Étang. Thierry Lemoine habite à quelques mètres, en bordure de D 38, il est réveillé par le passage du convoi devant son corps de ferme. Sur place, les secours tentent, en vain, de ranimer deux des membres de la famille.
Rapidement, alors que médias locaux et nationaux font le pied de grue devant le ruban jaune barrant l’accès à la propriété, le procureur de la République de Laon livre le résultat des premières investigations. «  La thèse du drame familial  » est privilégiée. «  Le père de famille aurait abattu son épouse et ses enfants avec un fusil de chasse, avant de retourner l’arme contre lui.  » Baptiste Porcher ajoute qu’«  aucun écrit n’a été retrouvé sur place  », le mobile restant inconnu.
Pierre de Bisschop, Thierry Lemoine l’avait encore vu dimanche dernier. «  On s’était croisé, on avait discuté quelques minutes, il n’avait rien de différent.  » Voisins depuis l’installation du quadragénaire dans la commune pour racheter une porcherie, les deux hommes partagent rapidement davantage qu’un amour commun de la terre. «  On s’entraidait, on fait le même métier. On se voyait quasiment tous les jours.  »

Des enfants étudiants ou encore au collège

«  C’était un ami, lâche simplement l’élu, comme son épouse  », une femme originaire du Nord, de Cysoing, près de Lille. Ancienne étudiante à l’Iéseg, école de commerce de la métropole, elle avait travaillé quelques années à Roubaix, pour un magasin de vêtements, avant de changer de vie à la naissance de son aîné.
«  Je connaissais aussi très bien les enfants  », ajoute Thierry Lemoine, ce qui ne fait qu’accroître son profond accablement. L’aîné était étudiant à Lille, au sein de l’Institut catholique d’arts et métiers, une école d’ingénieur. Sa sœur cadette était en fac de droit, également à Lille. Le benjamin était pour sa part scolarisé à Saint-Quentin, au collège Saint-Jean et La Croix.

« Il était très sympathique »

Le maire de la commune de 522 habitants décrit leur père comme un homme qui «  travaillait beaucoup. Il était très sympathique. C’était quelqu’un de très entreprenant, un très bon éleveur et agriculteur  ». Originaire des environs de Laon, fils d’agriculteur, Pierre de Bisschop avait réussi dans ce milieu, propriétaire qu’il était de plusieurs élevages porcins et de vastes terres agricoles.
Cette réussite sans tache avait permis au quadragénaire d’offrir une existence agréable à ses proches et de placer l’avenir de ses trois enfants sur de bons rails. Pourquoi alors, comme cela paraît avoir été le cas, leur a-t-il ôté la vie ainsi qu’à son épouse ? Ouverte pour quadruple homicide volontaire aggravé, c’est ce que devra déterminer l’enquête confiée à la section de recherches d’Amiens et à la brigade de recherches de Laon.
Pierre de Bisschop avait tout pour être heureux, en apparence. L’homme de 47 ans avait développé ses affaires au fil des années. Originaire de Grandlup-et-Fay, près de Laon, où sa famille avait une exploitation, il était à la tête de plusieurs entreprises dans l’élevage porcin, la culture céréalière mais aussi dans l’immobilier.
Propriétaire de près de 200 hectares à Nouvion-et-Catillon et d’ateliers industriels porcins, il employait plusieurs salariés. Une réussite professionnelle, encouragée par sa femme qui travaillait au quotidien à ses côtés. Mais ses affaires ont aussi connu des hauts et des bas. En 2011 notamment, son projet de construire une nouvelle porcherie à Gizy avait reçu un avis défavorable.

« Un caractère entier »

Autre coup dur, en 2011, l’un de ses ateliers porcins situé à Mont-d’Origny avait été incendié. Ce soir-là, près de 2 000 porcs avaient péri asphyxiés par l’épaisse fumée qui avait envahi le bâtiment. Les sapeurs-pompiers étaient parvenus à sauver le second bâtiment. 750 truies s’y trouvaient. Deux événements qui auraient pu mettre en difficulté Pierre de Bisschop. Pour autant, l’homme aujourd’hui soupçonné d’avoir abattu ses enfants et sa femme connaissait-il des difficultés financières ? Aucune information ne nous a été livrée en ce sens pour le moment.
Concernant son tempérament, l’homme qui aimait la chasse était connu pour son franc-parler, mais en aucun cas pour des faits de violences. «  Pierre était un homme sympa. Je n’ai jamais entendu parler d’un problème d’alcool, ni de violences. Mais il avait un caractère entier  », reconnaît une amie de la famille qui a préféré rester anonyme.

Drame de Nouvion-et-Catillon : quatre meurtres, un suicide et des questionshttp://www.aisnenouvelle.fr/50325/article/2017-11-01/drame-de-nouvion-et-catillon-quatre-meurtres-un-suicide-et-des-questions

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire