dimanche 29 octobre 2017

Dans l’Aisne aussi, la vénerie dérange

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L’incident du cerf tué dans un jardin lors d’une chasse à courre dans l’Oise en rappelle d’autres. Des Axonais sont allés manifester contre cette pratique, hier.

C'tait le 19 mars 2010, à Corcy, à l’est de la forêt de Retz. Un équipage de chasse à courre avait suivi un cerf jusque dans le village. L’animal avait été « servi », c’est-à-dire tué, dans une propriété privée, comme à Lacroix-Saint-Ouen le week-end dernier, à une trentaine de kilomètres de Villers-Cotterêts, dans la forêt de Compiègne. Il y a sept ans, moins de smartphones, moins de réseaux sociaux, moins de buzz, mais déjà des habitants exaspérés.
« Les chasseurs arrivaient régulièrement dans notre village, se remémore Yves Disant, premier adjoint au maire de Corcy. Ils tuaient le cerf n’importe comment, dans la rue ou les propriétés. On avait été plusieurs communes à se mobiliser. Longpont était aussi concernée. Il y a eu un arrêté préfectoral qui leur interdit de venir dans le village. Cela a servi. »
Un grillage a été placé à la limite de la forêt. Depuis, les incidents sont plus rares. « Ils sont au courant qu’ils ne peuvent plus venir. Quand ça arrive, on discute, on dit «vous n’avez rien à faire là» et ils s’en vont, ils laissent la bête », raconte Yves Disant, dérangé par un autre problème : les suiveurs. Ces amateurs qui suivent la chasse en voiture, à moto, parfois à vélo. « Ils roulent n’importe comment sur les routes départementales, les rues, les chemins », dénonce-t-il.

« Sauvage et cruel »

L’élu ne comptait pas aller manifester pour autant, au contraire de Vincent Tarakdjian, habitant d’Haramont et membre fondateur de l’association Retz Nature forêt, qui est allée, hier, à Saint-Jean, avec une dizaine de membres. Quatre-cent personnes ont manifesté (lire notre article page 4). « Les chasseurs oisiens se sont mis en infraction en rentrant dans le village à Lacroix-Saint-Ouen », observe cet ancien agent de l’Office national des forêts. S’il n’observe pas de dérives particulières près de chez lui, il note qu’il y a moins d’animaux. « Les quotas de chasse sont trop élevés parce que les comptages ne sont pas précis, explique-t-il.
Pour lui, « la chasse est nécessaire car il faut réguler certaines populations animales », mais ce retraité juge « qu’épuiser un cerf pour le tuer à l’arme blanche est sauvage et cruel. On devrait demander au peuple français son avis sur le sujet via un référendum. »
Au niveau national, la chasse a représenté 8 % des revenus de l’Office national des forêts, soit 66,7 millions d’euros. La polémique de Lacroix-Saint-Ouen a également touché des habitants lambda du secteur, pas particulièrement impliqués jusque-là. Fiona Hecq, une Cotterézienne de 25 ans, a l’habitude de croiser les chasseurs le week-end, sur la route entre Villers et Compiègne. « C’est un festival ! Ils forment un attroupement dangereux avec leurs chiens et les chevaux qui frôlent les voitures. » Elle s’est empressée de signer la pétition en ligne pour l’abolition de la chasse à courre. « J’ai vu la vidéo, on entend une jeune fille pleurer et dire «  ils vont le tuer ». Ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Ce n’est pas une chasse, c’est de la barbarie. C’est la première fois que j’irai manifester, avec ma mère. »
Laurent Stern, président du collectif pour l’abolition de la chasse à courre, une association nationale, observe avec un certain enthousiasme la polémique, mais ne se fait pas d’illusion. « Ce qui est arrivé n’est pas nouveau et n’est pas si rare. Nous profitons de cet événement, mais la chasse à courre ne sera pas abolie demain à cause de ça. »
Contacté le Rallye La Passion, qui pratique la chasse à courre en forêt de Retz, n’a pas répondu à nos appels.


Dans l’Aisne aussi, la vénerie dérangehttp://www.courrier-picard.fr/67139/article/2017-10-29/dans-laisne-aussi-la-venerie-derange


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